Shurik'N:
Zoom arrière, plongé sur un gamin de huit ans
Sac au dos, je pars à l'école rejoins par un groupe d'enfants
Les bancs ont craqué, la classe était en contre-plaqué
Goudron frais, la cité n'était même pas terminée
Trop occupés à parler de nos billes et des soldats qu'on allait jouer
On a pas entendu l'engin débouler
Pour un gosse, on peut imaginer le choc
Lorsqu'on voit un camion passer sur le corps de son pote
Changement de décor, plus le même âge
Le break fait son entrée
Je fuis les cours comme un oiseau fuit sa cage
On se rencontre, on danse ensemble, les liens se créent
Une amitié naît, c'est comme ça qu'un groupe est formé
Quelques années, après une dispute ou deux coups de schlass
Ta liberté s'envole comme une perdrix en période de chasse
Je garde en mémoire tous ces instants qui ont marqué ma vie
Et me la font apprécier doublement depuis
Sat:
En somme, nous sommes tout comme de simples additions
L'accumulation de choix, des intersections
Sans rémission, faut assumer
La moindre erreur peut si vite plonger dans la fatalité
En somme, nous sommes tous tout comme de simples additions
Au mic on assomme, un rap du cœur, notre direction
Je garde en mémoire tous ces souvenirs
Qui font de moi ce que je suis
C'est comme les miens, j'peux pas les trahir
Shurik'N:
T'es jeune, teigneux, t'as peur de rien, le monde t'appartient
Bagarre à chaque coin de rue, la suivante, je me frotte les mains
Le lycée n'était qu'une aire de combat où j'attendais le week-end
Et là, comme un phénix, je renaissais
Torché toute la soirée, senti mal, dégueulé
Quelle heure ? Onze heure, allons traîner au village d'à-côté
Tigre-fou est indomptable, ça finissait en castagne, femmes en cavale
Coup de bouteille, chaises volantes, ça détale
De tous les côtés, voilà comment on se retrouvait
Coincés, armés d'un cran d'arrêt, dans le tas, j'ai frappé
Perdu le sommeil pendant dix jours, dix nuits
En apprenant ce soir-là deux mecs sont restés sur le parvis
Partis, en déclenchant la peur la plus intense
Qui ne cessa que lorsqu'un autre a dû subir la sentence
Mon enfance s'est passée en partie sans mon père
Mère faisait ce qu'elle pouvait, j'avoue pour elle, c'était l'enfer
Je réalise combien peut-être bête un merdeux
A chacun de ses départs, comme un con, j'étais heureux
Plus vieux, plus mûr, j'ai compris plus tard
Les sacrifices qu'ils ont fait pour ne pas qu'on devienne clochard
Ma grand-mère a disparu sans prévenir
Je sais à présent qu'au même instant un enfant naissait au Cachemir
Ma première caisse d'occas' cassait pas des briques
Mais qu'est-ce qu'on pouvait faire les macs quand on sortait avec ma clique
Les concours de danse, les flash-breakeurs
Dans les boîtes, y'avait toujours des nazes à remettre à l'heure
Je garde en mémoire toutes ces choses dont je suis la somme
C'est son vécu qui fait de l'homme un homme
Et si j'en suis où j'en suis aujourd'hui
C'est qu'à certains croisements ce sont les bonnes décisions que j'ai prises
Maman on aura pas passé cette nuit sous les ponts pour rien
Son fils sait ce qu'il sera demain
Sat:
Non, impossible de trahir
Mars, on ouvre le bal, on inaugure
C'est Sat et Shurik'N, c'est de bonne augure
On représente les nôtres