Patwon, je veux bien te les cirer, les chaussures
Mais, ma parole, ti te fous de ma figure
Comment ti veux qu'il y tienne la poussière
Si ti m'y donnes des coups de pied au derrière
Je vivais heureux dans ma petite hutte
Dans le costume que le bon Dieu m'a donné
Maintenant, je sais que la vie est une lutte
Car, voyez-vous, je suis civilisé
J'étais tout nu, on m'a fait rhabiller
Mais, ma parole, moi j'y comprends plus rien
Car la patwone, quand elle y va danser
Elle fait tout pour qu'on lui voie les nénés
(Qu'on l'y voie les nénés)
Maintenant, je connais tous les principes
De la morale et de la société
Bien sûr, on se fait un peu taper sur la pipe
Mais finalement on a l'égalité
Oui, on est tous pareils aux yeux des blancs
Tellement pareils qu'ils ne nous reconnaissent pas
Ils disent que dans le noir on ne voit que nos dents
Mais pour l'estomac on l'a dans le baba
(On l'a dans le baba)
Tu sais que notre grand-père, y s'appelait Adam
J'ai dit au patwon que peut-être on est frères
Alors mon vieux ce qu'y m' lance, c'est marrant
«Quand mon père y t'a fait, y avait pas de lumière !»
Ah ! Mon Patwon qui joue avec les mots
Mais y serait pas fier s'y savait qu'avec la patwone
Je fais des extras le soir après le boulot
Pour me payer des cours à la Sorbonne
Et un jour je lui dirai
Comme tous les civilisés
«Mon pote, si tu crois que je vais te cirer les pompes
Alors, mon vieux, tu te fous le doigt dans l'oeil
Je dirais même une défense tant tu te trompes !
Fous-moi la paix, barre ton pied de mon fauteuil !»