- Venez, venez, soyez aimable,
Venez bridger à notre table.
Le bridge est un jeu calme et merveilleux,
Le bridge est adorable.
Comment, vous n'êtes pas très forte ?
Ça ne fait rien du tout, qu'importe !
Si vous gaffez, nous fermerons les yeux.
- Asseyez-vous, vous ne pouvez pas y couper !
- C'est moi qui donne
- Allez, coupez, coupez !
- Pique
- Deux carreau.
- Trois sans atout
- Bon...
- Dame
- Roi
- Valet
- Honneur sur honneur !
- Mais enfin, qu'est-ce que tu fais ?
- Mon as de pique !
- Mais comment, l'as de pique ?
- Mais, mon as de pique !
- C'est fou ! Je ne puis pas admettre
Qu'on me coupe quand je suis maître !
- C'est à la force du mort qu'on joue
Pour ne rien compromettre !
- Et puis il existe une règle :
Dans sa longueur, on joue sa faible !
- Allons, mademoiselle, mais à quoi pensiez-vous ?
Quand on n'a qu'un tout petit jeu de rien du tout,
On ne demande pas trois sans atout !
- Messieurs, vous n'êtes pas aimables,
J'étais venue à votre table.
Le bridge est un jeu qui me fait horreur,
Le bridge est détestable.
Et puis d'abord, permettez que je vous explique
Pourquoi j'ai joué mon as de pique :
C'est que j'ai cru couper la dame de cÂœur
Et vous n'allez tout de même pas m'avaler
Pour deux rois et pour un petit valet.
- Consolez-vous, mademoiselle,
Nous avions perdu la cervelle,
Vous n'aviez pas besoin de faire grand chelem.
Allez, pour qu'on vous aime,
Laissons ces cartes imbéciles,
- Laissons ces cartes imbéciles,
Séchez vos cils et vos pupilles,
- Je sèche mes cils et mes pupilles.
- Quand on a des yeux aussi doux que vous,
Même avec un tout petit jeu de rien du tout,
On peut demander quatre sans atout !
Venez, venez, venez, venez...
- Venez, venez, soyez aimable ;
Venez bridger à notre table.
Le bridge est un jeu calme et merveilleux,
Le bridge est adorable.