Ils ont dit que c'était une filleMoi je dis que c'était la ManikoutaiL'œil en feuille et la dent de coquilleTelle était la ManikoutaiC'était plus haut que la plaineIl fallait pour aller làLa patience et l'avironConnaissance de la chuteDu portage et du courantOù et comment l'eau culbuteLes oreilles de charrueEt l'eau morte et les cirésLes corps morts et les écumesVeille à gauche et veille à droiteA la pince et au ballantSans vouloir te commanderTiens-toi bien mais laisse allerPas grande eau mais c'est assezPour te dire qu'à l'eau douceOn finit par dessalerEt ça c'était pour l'étéIls diront que c'était une femmeJe dirai que c'était la ManikoutaiLe dos souple et la danse dans l'âmeMais c'était la ManikoutaiFatiguée de la semaineEn rapide et gros bouillonsElle faisait son dimancheEn amont du quatrièmeVive encore et paresseuseAvec du sable en dorureEt les beaux cailloux tout rondsA deux pas c'est une sourceA trois pas c'est un brûléLe foin haut puis les framboisesLes bleuets puis les bérisEt le petit bois d'argentPrends ton temps prends par ta courseC'est piquant puis déchirantPas si vite assieds-toi làOn va compter les caillouxÇa c'était pour le beau temps...Ils croyaient que c'était une féeMois je dis que c'était la ManikoutaiDe feu, d'or et d'automne attiféeTelle était la ManikoutaiAux premiers jours de geléeElle a déjà le gros dosLes manchons puis les manteauxTout en blanc et beau et chaudElle a la race et la grâceElle est de chasse et de glaceLes renards et les visonsLes rats musqués, les castorsLe loup-cervier puis la loutreLui font dentelle de tracesEt quand la glace est trop mincePour la tenir enferméeElle saute la fenêtreElle est noire et douce-froideEt c'est le froid qui la dompteÀ la tombée de la nuitEt c'est le temps de l'hiver...Ils croiront que c'était une amanteJe dirai que c'était la ManikoutaiJeune et vieille et muette et parlanteTelle était la ManikoutaiC'était le temps du trappeurEt le temps des compagniesOn partait le vingt octobreOn revenait vingt janvierQuand un homme est à la chasseSa blonde a des cavaliersSont partis le même jourMais chacun de son côtéOn a trouvé par les tracesQu'une fois rendus aux piègesAvaient chassé tous les deuxJusqu'à ce trou dans la neigeAttention la glace est mince!Tu la salueras pour moiNon. Viens pas! Tiens-toi, j'arrive !Les chiens sont revenus tout seuls...Ça c'était pour le printempsIls ont dit que c'était la JulieMoi je dis que c'était la ManikoutaiIls diront qu'avec l'âge on oublieTelle était la Manikoutai